Gérard Jolivet est professeur d'Histoire et de Géographie, conférencier pour le Club Philo de Vienne, les Apprentis Philosophes, les Amis de Vienne, l'Université Populaire du pays Viennois.
Le corps des princesses
Les « princesses » ce sont les femmes de la première dynastie de l’empire romain, nommée par les historiens les « Julio-Claudiens » parce qu’elle réunit dans une succession aléatoire les descendants de Jules César et ceux d’une grande famille romaine, celle de Tiberius Claudius.
Il est beaucoup question dans ce roman des cinq premiers empereurs romains, Auguste, Tibère, Caligula, Claude et Néron. Mais leur règne est vu le plus souvent du côté des femmes.
Livie, enlevée par Auguste à son mari, héroïne d’une rare histoire d’amour, garante de l’union des deux familles claudienne (la sienne) et julienne (celle d’Auguste) mais haïe par son fils Tibère qui refusera de la diviniser, la seule qui meurt de sa belle mort à un âge avancé.
Julie, la fille unique de l’empereur qui sombre dans la débauche et mourra en exil.
Agrippine l’ancienne, sa fille, drapée à l’opposé de sa mère dans une fierté arrogante de petite fille d’Auguste qui lui coûtera la vie.
Drusilla, fille d’Agrippine et de Germanicus, petite sœur incestueuse de Caligula, enfermée dans l’amour et la folie de son frère et peut-être morte très jeune de cet enfermement.
Messaline, l’épouse de l’empereur Claude qui tolère chez elle la descente aux enfers d’une étonnante nymphomanie.
Agrippine la jeune enfin, la dernière rescapée de la descendance d’Auguste, morte elle aussi tragiquement pour avoir voulu supplanter son fils Néron dans le gouvernement de l’empire.
Les « Julio-Claudiennes » ont revendiqué, quitte à le payer cher, une liberté amoureuse et sexuelle, voire un partage du pouvoir, qu’on ne retrouvera plus guère avant l’époque contemporaine. Même si ce fut dans un milieu très restreint et pour une courte période, le premier siècle de notre ère a été un moment « féministe » exceptionnel. Un moment lumineux et tragique, brillant et passager comme une étoile filante dans le ciel noir de l’histoire des femmes.
Même si cette histoire se passe pour l’essentiel à Rome, on est également transporté sur le Rhin et en Orient avec Germanicus, à Lyon avec Caligula, à Vienne à travers le personnage de Valerius Asiaticus ou la divinisation de Livie, en Afrique du nord avec Cléopâtre Sélènè, fille de Cléopâtre et de Marc Antoine.
On peut parler pour ce roman d’une fresque psychologique, tout à la fois politique, sentimentale et érotique où les personnages sont broyés par leurs mythes : la fascination pour l’Egypte et sa monarchie pharaonique, une république romaine à la fois idéalisée et foulée aux pieds par l’obsession dynastique, le fol espoir des femmes d’une égalité méritée avec les hommes faibles qui ont succédé au fondateur de l’empire.
Conférence organisée par la Librairie Lucioles, Les Amis de Vienne et le musée de St Romain en Gal.04 74 85 53 08 .
L'entrée est libre, dans la limite des places disponibles; réservation possible au musée: 04 74 53 74 01.
Pour des raisons d'organisation, les personnes qui voudraient acheter le livre de Gérad Jiolivet (18€), doivent le retenir en appelant la Librairie Lucioles.